Je vous présente Monyclaire, auteure de Sans raison apparente
1/ Peux-tu
me parler un peu de toi ?
Pas facile
de répondre à cette question... C'est sans doute pour cela que j'y ai répondu
en dernier !!! Je préfère écouter les autres que parler de moi...
Bon, 59 ans, j'aime la vie et j'essaie d'en profiter au maximum.
Les choses arrivent, je compose avec et je vais là où se
trouve le soleil.... Je vise l'impossible, je crois en l'improbable, j'ai les
pieds sur terre et l'esprit irrémédiablement optimisme, je suis incurable...Si
l'esprit ne s'envole pas un peu, on reste sur terre...parfois à trop
souffrir...Je préfère m'évader dans le sourire que subir ce pour lequel je ne
peux rien....
2/ Comment
devient-on écrivain ?
Je ne sais
pas si je suis écrivain... mais je crois que je me suis raconter des histoires
bien avant de savoir lire ou écrire. Ensuite l'écriture a toujours fait parti
de ma vie, comme cela, juste pour les proches.
Puis un
jour, un cyclone a traversé ma vie et l'écriture est devenue une thérapie
nécessaire, l'occasion d'écrire le récit de mon combat. Ce livre, deux fois
primé, m'a encouragée pour continuer. Depuis, je continue et continuerai tant
que j'y prendrai du plaisir à le faire.
3/ Qui
t’as donné le goût de la lecture et de l’écriture ?
Qui ? Quoi
? Je ne sais pas. Mais dans ma famille, mon père, mes oncles, tous
travaillaient dans une papeterie. Enfant, j'ai le souvenir de ces livres que
mon père rapportaient à la maison, parce qu'ils avaient un défaut, ils avaient
été retirés de la chaîne de fabrication. Il me semble encore me souvenir de cet
odeur de neuf, de beau...j'aime les livres, c'est une histoire d'amour entre
eux et moi...
4/Comment
t’es venue l’idée d’écrire ce livre ?
Après le
récit de mon combat contre le cancer, le récit de notre périple vers Compostelle,
un recueil de nouvelles, deux romans pour la jeunesse, il m'a semblé naturel
d'essayer un genre différent.
5/
Qu’est-ce qui a été le plus dur à l’élaboration du roman ? (les idées, les
illustrations, l’éditeur …)
Les idées
viennent assez facilement, le plaisir est là, sinon j'arrêterais d'écrire.
L'éditeur, je n'en cherche pas puisque l'auto édition me satisfait totalement.
Ma plus belle récompense ? Lorsqu'un lecteur inconnu revient pour acheter un
autre de mes livres. J'aime le contact avec mes lecteurs. Je ne recherche pas
la gloire, juste conserver le plaisir d'écrire.
Alors le
plus dur ? Rien !!!
6/ Qui est
le créateur des illustrations sur ton livre ?
C'est
l'histoire d'une belle rencontre sur le Net. Elle s'appelle Maryse Petitiot et
c'est la troisième couverture qu'elle accepte d'illustrer pour moi. Maryse est
géniale. J'avais peu d'idées à ce sujet mais Maryse en lisant le roman a tout
de suite su en extraire les idées principales, je la remercie encore ici, pour
son talent, son écoute et son coeur gros « comme ça ».
7/ Quelles
ont été tes sources d’inspirations ? (une musique, un film, un auteur …)
Je ne sais
pas vraiment. Je suis très observatrice, j'écoute, je regarde. Je pense que
c'est dans toutes mes observations que je puise la plupart de mes idées. Mais
la source première de mes inspirations, ce sont....Mes insomnies ! Il faut bien
qu'elles servent à quelque chose !
8/ Est-ce
que le mythe de la page blanche existe-t-il vraiment ?
Pas pour
moi, non sincèrement. En fait, je commence par écrire « dans ma
tête ». Lorsque je suis en balade, dans une file d'attente, lors de mes
insomnies etc. Lorsque je m'installe devant le clavier je n'ai plus qu'à
retranscrire toutes ces idées.
Je ne me
dis jamais : « Je vais écrire », je le fais simplement au moment où
quelques mots ou quelques lignes se sont déjà proposées à moi.
9/ Combien
de temps faut-il pour écrire un roman de ce style ?
Pour mon
dernier roman, j'ai écrit le premier chapitre, très rapidement. Puis, je me
suis retrouvée bloquée, les personnages ne pouvaient plus évoluer...J'ai laissé
six mois s'écouler et la suite est arrivée, simplement; comme une évidence,
assez rapidement. Mais c'est là que le travail commence vraiment. Je veux
parler de la mise en forme, de la relecture, de la correction...
10/
Peux-tu nous dévoiler un petit extrait de ton livre ?
Été 2002
Les gamins la poursuivent en l’injuriant, elle
avance, imperturbable, avec son perpétuel sourire. Un sourire qui ne la quitte
jamais. Indifférente aux quolibets. Les jurons semblent glisser sur elle. Il
est de notoriété que la fada est complètement sourde.
Son arrivée par ici, quelques semaines plus tôt, a
éveillé peu d'intérêt. Elle est devenue la nouvelle locataire d'une vieille
maison située en bord de forêt, à quelques kilomètres de la ville. Personne ne
sait trop ce qu'elle y fait, ni de quoi elle vit.
On l'aperçoit parfois, tôt le matin, elle vient
faire quelques provisions. Personne n'a jamais entendu le son de sa voix, elle
se contente de hocher la tête pour dire bonjour. On a cru qu'elle était muette,
on en a déduit, sans doute un peu vite, qu'elle n'entendait rien. De là à
l'affubler du surnom de la fada, il n'y a eu qu'un pas que les garnements du
coin ont vite franchi.
Cela n'est pas pour déplaire à Léa, bien au
contraire. Elle a besoin de passer inaperçue, le plus longtemps possible. Que
personne n'ait reconnu en elle la petite fille qu'elle a été en arrivant enfant
dans la région, la rassure plutôt. Pourtant, ce matin, pour celui qui est,
enfin, revenu elle aimerait bien, ne serait-ce qu'un instant, se retrouver dans
la peau de la jolie jeune fille qu'elle est réellement, .
Léa sait qu’il la suit des yeux. C’est son odeur
qu’elle a d’abord sentie. Il n’a pas perdu cette jolie habitude, celle de
mâchouiller des bonbons parfumés à la violette. Avant de le voir, elle a su
qu’il était de retour.
Elle ne veut pas se retourner, lire l’étonnement
dans ses yeux. Comme il la trouverait changée ! Aujourd’hui, plus encore
que d'ordinaire, les moqueries des gamins du village lui font mal. Elle en a
assez de jouer son rôle, car il s'agit bien d'un rôle. Elle est proche du
dénouement. Elle a confiance, elle sait qu'elle va bientôt gagner, que cette
histoire sordide touche à sa fin. Depuis le temps qu'elle attend ce moment.
Elle ne peut pas tout gâcher, elle est trop près du but. Il lui est difficile
cependant de jouer la comédie. Parce que Denis est là. Elle l'avait si souvent
espéré, avait si souvent été en mal de lui.
Pourquoi réapparaît-il justement aujourd'hui, alors
qu'elle doit être plus prudente que jamais ? Elle ne peut rien lui raconter, ce
serait rompre ce bel équilibre, ce serait perdre sa crédibilité, ce serait
avouer son nom, ses origines. Elle ne peut pas se permettre d'éveiller les
soupçons.
Son amie Carole l'a contactée tôt ce matin. La fin
est proche, elle a prévenu la police qui, en ce moment même, doit se rendre sur
les lieux. Pour autant, tout danger n'est pas écarté, bien au contraire. Tant
que l'assassin n'est pas sous les verrous, il persiste toujours un risque d'une
tentative d'agression sur la personne de Léa. Carole lui a recommandé la plus
grande vigilance car elle a perdu de vue celle qu'elle poursuit depuis tant
d'années. À l'heure actuelle, elle ignore si elle est toujours à Coullons,
cette ville de Sologne où elle travaille ou si elle est retournée durant la
nuit à Durtal, en Anjou, là où se trouve Léa.
Elle s’observe, sans douceur. Elle est décoiffée,
mal fagotée. Elle a honte, elle est lasse. Ne plus lutter, se cacher, en finir
avec toute cette méchanceté. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle supporte tout
cela ? Seule la certitude de voir cette horrible histoire se terminer lui
donne la force de continuer.
Ses années d'exil sont bientôt terminées, elle
n'aura plus besoin de se cacher. Patience Léa, patience..
Elle se hâte de rentrer chez elle. La même maison,
en bordure de forêt. Depuis tout ce temps, sans pouvoir faire un minimum
d’entretien, c’est une ruine qui abrite ses nuits. C’est là qu’elle court se
réfugier, s’isoler. Elle n’entend aucun bruit, elle se doute que Denis ne la
suit pas, c’est peut être mieux ainsi. Il va repartir, déçu, et elle continuera
sa route.
Elle espère cependant qu'il prolongera, un peu, son
séjour par ici. Elle voudrait tant pouvoir enfin se libérer de toutes ces
années de cauchemar. Il l'écouterait, la comprendrait, elle en est sûre. Même
si, et c'est bien normal, il a une vie, ailleurs, peut être même une femme, il
saurait la réconforter, en toute amitié.
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De loin, Denis l’observe. Il l'aurait reconnue
entre mille. Il a la conviction qu'elle joue une comédie. Elle est comme
déguisée, enlaidie, du moins le croit-elle. Elle a toujours ce maintien altier,
et malgré son air de sauvageonne, il la trouve irrésistible. L'espace de quelques
instants, il se demande comment il a pu l'oublier au fond de sa mémoire,
comment il a pu rester tout ce temps sans essayer de la revoir.
Perplexe, il fixe cette silhouette qui
se hâte vers la sortie de la ville. Il ne sait que penser. Cela ne peut pas
être « sa » Léa. Pas cette femme, en guenilles, mal coiffée, qui se
sauve sous les insultes et les moqueries de ces gamins.
Il a quitté une petite fille gaie, dynamique, sûre
d’elle. Une petite fille, excellente en classe, qui avait toutes les chances de
devenir quelqu’un de bien.
Certes, le temps a passé. Denis ne s’attendait pas
à trouver les choses telles qu’elles étaient lorsqu’il avait quitté la région.
Pas mal d'années se sont écoulées. L’enfance est loin derrière eux. Chacun de
leur côté, ils ont parcouru leur itinéraire scolaire. En ce qui le concerne, le
primaire, les années collège, le lycée, puis un passage sur Paris pour intégrer
une grande école et poursuivre ces études de journalisme qui l’avaient toujours
fait rêver. Son diplôme en poche, il a signé un contrat intéressant auprès d'un
grand journal.
Ce métier lui plaît, même si cela semble
incompatible avec une vie privée normale. Après un reportage de presque trois
mois où il a suivi un peuple nomade à la frontière de la Mongolie, il a décidé
de prendre quelques vacances.
Sans en comprendre les raisons, sa mémoire l’a
ramené vers ce coin d'Anjou, là où il garde de si jolis souvenirs. Située au
bord du Loir, Durtal est une petite ville qui semble se recroqueviller sous les
murailles de son château. Enfant, il a toujours été impressionné par cette
imposante silhouette qui lui semblait protéger les environs plutôt que les
dominer.
Il ne veut pas se montrer. Pas encore. Il se
souvient. La fada, alors, ne s’appelait pas ainsi. Elle avait trois ou quatre
ans lorsqu’il l’avait vue pour la première fois. La rentrée des classes était
déjà faite depuis longtemps ce jour où le directeur était venu leur présenter
cette petite fille. Elle s’appelait Léa. Elle avait attisé la curiosité comme
chaque fois qu’une nouvelle arrivait, ni plus, ni moins. Denis la revoit
encore, avec ses longs cheveux si blonds, ses yeux qui pétillaient de malice et
cet air de conquérante. Elle les avait salués d’un sonore bonjour, une voix à
l’accent chantant du sud. Un rayon de soleil était entré dans la classe. Lui
était chez les grands de la maternelle et il avait trouvé naturel de lui
proposer de venir s’asseoir à côté de lui. Pour la protéger ou lui venir en
aide, si besoin. Très vite, il s’était rendu compte que Léa n’avait nul besoin
de soutien. Très sûre d’elle, elle avait rapidement réussi à apprivoiser toute
la classe. Les filles d’abord. Parce que Léa savait rire et que, débordant
d’imagination, on ne s’ennuyait jamais avec elle. Elle n’avait pas son pareil
pour vous entraîner dans les plus folles aventures. Elle n’avait peur de rien
ni de personne.
11/ As-tu
un roman en cours d’écriture ?
Oui, j'ai
jeté les bases du suivant, sur un thème qui me tient à coeur...mais il est trop
tôt pour en parler.
12/ Un
petit mot pour tes lecteurs ou futurs lecteurs ?
Je les
remercie de leur fidélité, de leur curiosité aussi. Ils me suivent alors que
mon univers est très varié.
Commentaires
Amicalement
Mony