1/ Comment vas-tu depuis la dernière fois ?
Aujourd'hui, je vais bien mais j'ai connu une période personnelle
difficile. Lorsque nous nous étions rencontrées, si ma mémoire est bonne
c'était pour la sortie de "La femme au chapeau de paille" en 2010, un
premier roman que j'ai écrit à quatre mains.
Nathalie Mazzini, ma sœur d'écriture, nous a quittés en janvier 2011.
En sa mémoire et à la demande de tous ceux qui la connaissait, j'ai terminé
"In love.net", roman que nous avions écrit à 80 %. Il m'a fallu du
temps pour pouvoir me remettre à l'écriture. Sans elle, rien n'était plus
pareil.
La vie a continué mais toujours dans la souffrance, un divorce, un
déménagement, une perte de repères m'ont fragilisé.
Ensuite, Je me suis dit que Nathalie m'avait permis de réaliser un rêve
et que je n'avais pas le droit de refuser cet immense cadeau. J'ai donc continué
à écrire, un troisième roman "Il n'y pas de hasard, il n'y a que des
rendez-vous, sorti en 2012, cette fois écrit toute seule.
2/ Pourquoi avoir décidé d’écrire ce roman (autobiographique) ?
Croyant que ma reconstruction était sur la bonne voie, j'ai de nouveau
ouvert mon cœur à un homme mais cette relation s'est avérée très compliquée.
Il fallait que j'exorcise cette histoire, que je mette un point final
pour pouvoir reprendre ma vie en main.
Quoi de mieux pour moi que de mettre des mots sur des maux ! Rires…
Ce livre m'a autorisé à me libérer. J'étais perdu dans cette histoire
avec cet homme, je sombrais, je vivais un amour impossible qui m'a conduite à
la dépression, qui m'a ôté l'envie de vivre, qui m'a fait douter chaque jour un
peu plus.
Je voulais, il fallait que je me remette en question, mais pas
seulement moi, je voulais aussi tenter de comprendre celui que j'aimais.
Le fait d'écrire m'a délivré en quelque sorte. J'avais un trop plein de
sensations, de sentiments, d'incompréhension, de peurs, d'angoisses.
"Nous n'irons jamais au Mont St Michel" peut être considéré
sous plusieurs angles ; une remise en question, une thérapie, un témoignage, un
adieu, une preuve d'amour, un deuil.
3/ Cela n’a pas été dur de coucher sur papier ton ressenti et ta vie ?
La première chose qui a été difficile pour "nous", oh joli
lapsus ! Pour moi donc est de me questionner sur le "pourquoi" je
ferais une autobiographie. Je me disais que cela n’intéresserait pas grand
monde.
Mais très vite, je me suis dit que j'en avais un besoin vital, que le
fait d'écrire mon histoire allait peut être m'aider à comprendre cet homme
d'une part et d'autre part sur le "pourquoi" j'avais accepté tant de
choses.
Au début, je ne savais pas très bien comment j'allais m'y prendre et où
je mettais les pieds. Mais je sentais au plus profond de moi qu'il fallait que
je passe par là.
Alors, par crainte, je pense, je n'ai pas gardé mon prénom et j'ai
décidé que ce serait Eva mais j'employais le "Je".
Quant à Elyes, je ne pouvais le nommer autrement. Rien que le fait de
prononcer ce prénom qui m'était jusqu'alors inconnu, tout me revenait par
bouffées ! Mon amour, mes sentiments, le bonheur que j'avais connu auprès de
lui et puis les désillusions.
4/ Qu’a dit ton entourage quand tu leur as annoncé que tu écrivais sur
cette histoire ?
Mon entourage n'a pas été tout de suite au courant puisque je ne savais
pas moi-même ce que je voulais transmettre.
Ensuite, il y a eu une grosse pause de ma part, en raison de mon état
de santé. Donc, ce n'était plus au goût du jour.
Tout le monde était inquiet pour moi, l'écriture passait au second
plan.
Je n'avais plus la force d'écrire. Je me battais contre moi-même et
contre la dépression.
Cela n'a pas été une période glorieuse, ni pour ma famille qui se
sentait impuissante, ni pour moi qui broyait du noir H24.
Plus tard, j'ai décidé de reprendre l'écriture de cette étape de ma vie,
je me suis accrochée à cette idée.
Ma mère, mes filles, mes amies m'ont soutenu tout en gardant un œil
angoissé par rapport à cette dernière.
Personne ne savait ce que le livre contenait donc tout le monde a
patienté longtemps avant de savoir ce que j'avais transcrit de cette période.
Je pense qu'elles auraient préféré que je tourne la page rapidement
mais cela m'était alors impossible.
5/ Est-ce que c’est toi qui a demandé à tes filles d’écrire la préface ou elles-l’ont fait
d’elles-mêmes ?
C'est l'éditeur qui m'a demandé une préface.
Je n'avais jamais sollicité quelqu'un auparavant.
L'idée de proposer cela à mes filles m'est venue rapidement parce
qu'elles étaient à mes côtés lors de cette histoire, je ne voyais pas d'autres
personnes plus à même de parler de moi. De la femme, de la mère que j'étais.
Elles ont accepté simplement et l’on écrit en une semaine.
J'en ai pleuré à la lecture. Elles me connaissent vraiment bien et
c'est toujours touchant de l'entendre ou plutôt de le lire dans ce cas.
Je suis fière de mes filles c'est ma plus belle réussite. Et je sais
que personne ne nous enlèvera notre complicité. Nous sommes un bloc.
6/ As-tu revu Elyes ? Et si oui, qu’a-t-il pensé de ton
roman ?
Elyes est longtemps resté omniprésent dans ma vie. Il me téléphonait,
m'envoyait des textos, me disait qu'il regrettait.
Depuis la sortie du livre, je n'ai plus aucun contact avec lui. Il sait
que le livre existe mais je n'en sais pas plus.
7/ Combien de temps t’a-t-il fallu pour écrire ce roman ?
Etant donné que j'ai fait plusieurs pauses dans l'écriture et que pour
la première fois, j'ai travaillé avec une correctrice, je dirais que j'ai mis,
en gros, un an et demi.
J'ai beaucoup pleuré pendant mes périodes d'écriture, j'ai beaucoup
douté aussi, je ne voulais pas me contenter de dépeindre un homme qui m'avait
déçu, je voulais aussi m'attacher à ce qui m'avait plu chez lui.
Grâce à ce temps, j'ai réussi à intégrer dans l'histoire des sujets qui
me parlent. Je ne me suis pas limitée à mon histoire d'amour avec Elyes, j'ai
aussi associé des faits de société comme la vieillesse, la maladie, la
précarité.
8/ Qu’est-ce qui a été le plus dur à l’élaboration de ce roman ?
(les idées, les illustrations)
En premier lieu, le plus difficile a été de rester objective et de ne
pas mettre toute la faute ou toutes les responsabilités sur Elyes. Je pars du
principe qu'un couple c'est deux personnes et qu'il y a toujours des torts
venant des deux côtés.
En deuxième lieu, le fait de me replonger sans cesse dans ce moment
douloureux m'a demandé beaucoup d'énergie.
Et pour finir, trouver une trame qui tienne la route pour ne pas
ennuyer le lecteur. C'est la raison pour laquelle, je précise bien que
"Nous n'irons jamais au Mont St Michel" est une autobiographie
romancée.
9/ Qui est le créateur de la couverture du roman ?
J'ai pour habitude de faire mes couvertures moi-même parce que j'ai
toujours une idée bien précise de ce que je veux.
D'autre part, je ne sais si tu as fait attention, mais il y a toujours
un chapeau sur mes couvertures.
C'est un peu ma marque de fabrique en quelque sorte !
C'est un peu ma marque de fabrique en quelque sorte !
10/ As-tu un nouveau projet en cours ?
J'ai toujours des projets en cours, certains prennent vie, d'autres
pas.
A l'heure actuelle, je me donne beaucoup pour la promotion de
"Nous n'irons pas au Mont St Michel".
Dédicaces, salons demandent beaucoup d'investissement et de temps.
Et j'ai toujours beaucoup de plaisir à rencontrer des gens.
11/ Si oui, peux-tu nous dévoiler un petit extrait d’un des livres ?
Beaucoup de mes lectrices et lecteurs me réclament la suite de "La
femme au chapeau de paille", chose qui n'était pas du tout prévu.
Je vais donc tenter de répondre à mon lectorat.
J'y pense.
12/ Comment as-tu trouvée ta nouvelle Maison d’Edition, SUDARENES
EDITIONS ?
J'ai rencontré David et Stéphane lors du salon de St Laurent du Var il
y a deux ans, je pense.
A l'époque, je venais de sortir "Il n'y a pas de hasard, il n'y a
que des rendez-vous".
Le courant est passé tout de suite entre nous. J'appréciais leur
dynamisme et le fait qu'ils étaient de la région.
Je m'étais promis d'envoyer mon prochain manuscrit.
Et voilà, aujourd'hui je fais partie de leurs auteurs, ils sont
toujours à l'écoute, très présents et toujours prêt à s'améliorer, j'aime leur
état d'esprit.
13/ Comment cela se passe avec les autres auteurs ?
Je n'ai pas encore rencontré tous les auteurs, ils sont nombreux. Mais
ceux avec qui j'ai eu le plaisir de partager un salon ou une journée de
dédicaces ont été charmants, avenants et sympathiques.
14/ Tu étais au Salon du livre de Vence, comment s’est passée ta
journée ?
Oui, j'étais présente le samedi 26 septembre dernier, ce fut une
journée très agréable.
D'abord le cadre magnifique, le soleil qui était au rendez-vous et les
organisateurs d'une gentillesse incomparable. En sachant que ce sont des
bénévoles c'est d'autant plus savoureux.
Le Maire nous a fait la gentillesse de venir nous saluer et les
lecteurs étaient nombreux.
15/ Quelles sont les dates de tes prochaines dédicaces ?
Mes dates de dédicaces, je ne les connais que très peu de temps avant.
Je peux te dire que normalement le 1er novembre, je serais au Luc mais
pour l'instant je n'ai pas plus de précisions.
Obtenir un stand n'est pas toujours simple pour l'éditeur cela entraîne
un coût.
Pour être réactive, j'ai créé une page facebook "Nous n'irons
jamais au Mont St Michel" où je mets quotidiennement toutes les
informations relatives au salons et dédicaces.
Et pour tous ceux qui ne seraient pas sur ce réseau, il y a le site :
prose2femmes.fr
16/ Vas-tu au Salon du Livre de Mouans-Sartoux la semaine
prochaine ?
Non, je ne serais pas au Salon de Mouans-Sartoux cette année, le livre
étant sortie en août, je pense que l'éditeur avait déjà fait son planning pour
ce salon très connu et très apprécié.
J'espère que l'année prochaine, j'aurais ce privilège !
(le salon du livre a eu lieu du 3 au 5 octobre 2014)
17/ Un petit mot pour tes lecteurs ou futurs lecteurs ?
Un énorme MERCI parce que sans eux, je ne serais sans doute pas en
train de converser avec toi.
C'est grâce à eux que j'existe aujourd'hui en tant qu'auteure et j'aime
le lien que nous entretenons.
Certains me suivent depuis le début et c'est très touchant de pouvoir connaître
leur ressenti pour tel ou tel livre, c'est très enrichissant.
J'aime les gens, j'aime la vie, c'est une nourriture pour moi.
Avec le temps des nouveaux rejoignent notre famille et c'est toujours
avec autant de bonheur que j'ai plaisir à les accueillir, à les connaître ou
simplement à dédicacer un livre à son prochain propriétaire.
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